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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Voyons ! es-tu un roquentin ? Viens passer quinze jours ici. Ma mère t’y invite. Nous finirons l’Aveu et Saint Antoine. Il faut qu’il y ait de l’Aveu fabriqué à Croisset. Tu n’as pas une seule de tes œuvres un peu longue (le Cœur à droite excepté) qui n’ait passé, dans sa confection, par l’avenue des Tilleuls. Arrive, le pavillon au bord de l’eau t’attend et tu auras un jeune chat pour t’y tenir compagnie.

Quoi que tu « en die », je crois que tu comprendras quelque chose à Saint Antoine. Tu verras au moins mes « intentions ». Tu m’aideras à boucher les trous du plan, à torcher les phrases merdeuses, et à ressemeler les périodes mollasses, qui bâillent par le milieu comme une botte décousue.

Je bûche comme un ours. Il y a des jours où je crois avoir trouvé le joint et d’autres, bien entendu, où je perds la boule.

No news from the Reviewers ! J’écrirai après-demain au jeune Maxime de manière à avoir une réponse formelle et tout de suite, avant la fin de la semaine.

Tes ordres, seigneur, ont été exécutés : j’ai gueulé par trois fois tes vingt-quatre alexandrins, À une femme perfide[1]. C’est rythmé, sois tranquille, et ça sonne ! Je n’ai qu’à te faire deux observations extrêmement légères (et encore) ; en voici une (afin de te tirer d’inquiétude) : il me déplaît qu’un monsieur comme toi mette des mots pour la rime. (Ah ! gueule ! tant pis ! je m’en f… !) En conséquence, je blâme « archet vainqueur ». Quant aux deux vers qui suivent, ils sont tout bonnement

  1. À une femme. (Festons et Astragales.)