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DE GUSTAVE FLAUBERT.

491. À LOUIS BOUILHET.
Croisset, 25 août [1856].

Je te remercie bien, mon cher vieux, d’avoir parlé à Du Camp de la Bovary. Mais je n’en suis pas plus avancé puisque tu ne m’as pas envoyé une solution définitive. Tout ce que je vois, c’est que je ne paraîtrai pas le 1er septembre. Je soupçonne le sieur Pichat d’attendre mon retour au mois d’octobre afin d’essayer encore de me pousser ses corrections. J’ai pourtant sa parole et je la lui rendrai avec un joli remerciement, s’il continue longtemps de ce train-là. Je vais attendre jusqu’au 2 ou 3 septembre, c’est-à-dire qu’au milieu de l’autre semaine, j’écrirai au jeune Du Camp pour savoir, oui ou non, si l’on m’imprime. Je suis harassé de la Bovary, et il me tarde d’en être quitte.

Mon ardeur littéraire a considérablement baissé avec la température. Je n’ai rien fait cette semaine. Saint Antoine, qui m’avait amusé pendant un mois, m’embête maintenant. Me revoilà n’y comprenant plus rien. Ah ! s… n… de D… ! que j’aurais besoin de toi ! Fais-moi donc le plaisir de me dire si tu viendras à Rouen au mois de septembre et vers quelle époque ? réponds à cette question, une fois n’est pas coutume.

J’ai fait aujourd’hui une grande promenade dans le bois de Canteleu, promenade délicieuse, mon cher monsieur, à cause du beau temps qu’il faisait, mais atroce à cause des souvenirs qui m’obsédaient. J’avais au cœur plus de mélancolies qu’il n’y avait de feuilles aux arbres. J’ai été jusqu’à