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CORRESPONDANCE

ment parlant, est d’un homme vertueux. Mais prends garde de tomber dans l’excès contraire et de te méfier de ton cœur. Quant à ma pauvre Person, je suis sûr qu’elle remplirait ce rôle très bien. Tu feras ce que tu voudras, et je te supplie même de « faire ce que tu voudras », et non ce qu’on voudra. Tu as fait assez de concessions à l’Odéon pour qu’il te soit bien permis de faire passer une femme, et un rôle de vieille encore ! Ne faiblis point, n… de D… ! Affirme-toi. On ne considère les gens que lorsqu’ils se considèrent eux-mêmes beaucoup.


487. À LOUIS BOUILHET.
Croisset [mardi], 17 juin [1856].

Ta lettre de samedi, cher vieux, ne m’est arrivée que ce matin. Voilà pourquoi je suis en retard d’un jour.

Je demande pour mon dimanche prochain une narration du déjeuner chez Royer. Il me semble que tu as passé à Auteuil un vrai dimanche d’antan, tant par l’entourage des gens que par les lieux en eux-mêmes. L’ombre de Boileau planait à l’entour ; les anneaux de sa perruque moutonnaient sur le paysage et les feuilles, dans le jardin, s’entre-choquaient comme des mains qui applaudissent.

Est-ce fini, est-ce conclu et arrêté ? Quand met-on à l’étude ? À quand les répétitions ? Je t’assure que j’attends ta première représentation avec une grande soif, car je compte sur un beau succès et