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DE GUSTAVE FLAUBERT.

semaine et j’ai encore du chemin avant d’arriver au point que je me suis fixé, quoique j’anticipe toujours dessus. Ainsi j’en suis maintenant à l’endroit que je m’étais fixé au mois d’août pour notre première rencontre, qui a eu lieu au mois de novembre. Vois ! Et je veux pourtant avancer et ne pas encore y passer tout l’hiver prochain. Quelles pyramides à remuer, pour moi, qu’un livre de 500 pages !

Adieu, bon courage, je t’embrasse avec toutes mes tendresses.

Ton Gustave.

362. À LOUISE COLET.
(Croisset) Samedi, 3 h [15 janvier 1853].

J’ai passé un commencement de semaine affreux, mais depuis jeudi je vais mieux. J’ai encore six à huit pages pour être arrivé à un point, après quoi je t’irai voir. Je pense que ce sera dans une quinzaine. B[ouilhet], je crois, viendra avec moi. S’il ne t’écrit pas plus souvent, c’est qu’il n’a rien à te dire ou qu’il n’a pas le temps. Sais-tu, le pauvre diable, qu’il est occupé huit heures par jour à ses leçons ? […].

J’ai été cinq jours à faire une page, la semaine dernière, et j’avais tout laissé pour cela, grec, anglais ; je ne faisais que cela. Ce qui me tourmente dans mon livre, c’est l’élément amusant, qui y est médiocre. Les faits manquent. Moi je soutiens que les idées sont des faits. Il est plus difficile d’intéresser avec, je le sais, mais alors c’est la faute du