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CORRESPONDANCE

« Jean vint s’offrir ». Ces répétitions du sujet par le même mot alanguissent le style.

23 — Ce comme là, dont je comprends l’intention, est lourd néanmoins. Si tu pouvais mettre quelque chose qui brille, exprimer un éclat quelconque en rapport avec luire. Tout ce qui suit est bon.

Ainsi, il n’y a donc d’important que l’exposition narrative du voyage de Jean, avec ce qu’il pensait pendant ce voyage, et tu arrives naturellement (passant du désir à la réalisation) à son arrivée.

Arrange-donc bien la mort de Jeanneton.

Refais toutes les corrections indiquées précédemment et celles-ci, et renvoie-nous un manuscrit bien lisible. Il est probable que nous y trouverons encore à redire, mais ce sera la dernière revision. Tu auras au moins une bonne chose, une œuvre écrite et émouvante, durable et tienne. Ce conte est d’une originalité saisissante. Je le crois destiné à un succès populaire et artistique ; il a les deux côtés. Patience donc, patience et espoir ! Qu’importent nos ennuis, nos défaillances, la lenteur d’exécution et le dégoût de l’œuvre ensuite, si nous sommes toujours en progrès ! Si nous montons, qu’importe le but ! Si nous galopons, qu’importe l’auberge ! Ce perpétuel malaise n’est-il pas une garantie de délicatesse, une preuve de foi ! Quand on a seulement exécuté la moitié de son idéal, on a fait du beau, pour les autres du moins, si ce n’est pour soi-même.

Nous ne nous verrons pas, ma pauvre chérie, avant la fin de janvier au plus tôt : ma Bovary va si lentement ! Je ne fais pas quatre pages dans la