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DE GUSTAVE FLAUBERT.

milliers specter ce poëte-nature, cet homme-monde et ce rapporteroit moult argent au portier. Je m’esgare, ie croys, et mon devis sent la phrénésie Delphique et transport hyperbolique. Si pourtant ne vay-ie tourner mon style, car vous sais-ie compaignon aymant aulcune phantaisie et phantastiquerie, et conchiez de dédain et contemnation (ès continents Apolloniques) ces tant coincts jardinets, à ifs taillés et gazons courts, où l’on n’a place pour ses coudes ne ombre pour sa teste. Ains dilectez contrairement les horrificques forêts caverneuses et spelunqueuses, avec grands chênes, larges courants d’aër embalsamés, fleurs coulourés, ombres flottantes, et tousiours, au loing, quelque hurlement mélancholique, en le dessous des feuilles, comme d’un loup affamé ; et déjà, delà, esbattements spittacéens sur les hautes branches, et singes à queue recourbe, claquant des badigoinces et montrant leur cul.

Or donc, puisque n’avons jà bronché (estant ferrés à glace, ie suppose) ni jà courbé nostre eschine sous le linteau d’aulcune boutique, ecclise, confrayrie, servition quelconque, guardons (ce est mon souhait de nouvel an pour tous deux) ceste sempiternelle superbe amour de Beaulté, et soyons, de par toute la bande des grands que ie invoque, ainsy tousiours labourant, tousiours barytonnant, tousiours rythmant, tousiours calophonisant et nous chéryssant.

À Dieu, mon bon, adieu mon peton, adieu mon couillon (gausche).

Gustavus Flaubertus,
Bourgeoisophobus.