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DE GUSTAVE FLAUBERT.

toutes voiles déployées ; ma fenêtre est ouverte et mon feu brûle.

Adieu, je t’aime plus que jamais et je t’embrasse à t’étouffer, pour mon anniversaire.

Adieu, chère amour, mille tendresses. Encore à toi.  


356. À LA MÊME.
[Croisset] Nuit de jeudi, 1 heure [17 décembre 1852].

[…] Depuis samedi j’ai travaillé de grand cœur et d’une façon débordante, lyrique. C’est peut-être une atroce ratatouille. Tant pis, ça m’amuse pour le moment, dussé-je plus tard tout effacer, comme cela m’est arrivé maintes fois. Je suis en train d’écrire une visite à une nourrice. On va par un petit sentier et on revient par un autre. Je marche, comme tu le vois, sur les brisées du Livre posthume ; mais je crois que le parallèle ne m’écrasera pas. Cela sent un peu mieux la campagne, le fumier et les couchettes que la page de notre ami. Tous les Parisiens voient la nature d’une façon élégiaque et proprette, sans baugée de vaches et sans orties. Ils l’aiment, comme les prisonniers, d’un amour niais et enfantin. Cela se gagne tout jeune sous les arbres des Tuileries. Je me rappelle, à ce propos, une cousine de mon père qui, venant une fois (la seule que je l’aie vue) nous faire visite à Deville, humait, s’extasiait, admirait. « Oh ! mon cousin, me dit-elle, faites-moi donc le plaisir de me mettre un peu de fumier dans mon mouchoir de poche ; j’adore cette odeur-là. » Mais nous que la campagne