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CORRESPONDANCE

à rapporter. N’apporte que ta personne (et ta Paysanne[1]).

Adieu, mille baisers. À bientôt les vrais. À toi, à toi.


351. À LA MÊME.

Entièrement inédite.

Mardi, minuit, 16 novembre 1852.

Ta pauvre force de la nature n’a pas été gaie hier. Il a fallu s’y remettre ! (à la besogne) et regarder la semaine dernière tomber dans l’abîme. Enfin !… J’ai fait vers le soir un effort de colère et je me suis retrouvé sur mes pieds. Mais la vie se passe ainsi à nouer et à dénouer des ficelles, en séparations, en adieux, en suffocations et en désirs. Oui, ç’a été bon, bien bon et bien doux. C’est l’âge qui fait cela ; en vieillissant on devient plus grave dans ses joies, ce qui les rend plus douces.

Quand je t’ai eu quittée, je suis entré dans ce cabaret près du chemin de fer et le cafetier m’a demandé poliment des nouvelles de « Madame ». En revenant je me suis trouvé avec un monsieur qui avait fait un voyage en Orient et un gamin de Rouen qui me connaissait de nom et de vue et qui m’a beaucoup parlé de ses véroles. Il y a des gens confiants. Le lendemain matin, en m’éveillant, j’ai trouvé dans l’Athenaeum un article sur ton volume, signé Julien Lemer[2]. Voilà un gaillard qui a la patte fine ; mais, mon Dieu, qu’est-ce qui

  1. Voir Correspondance, II, p. 340 et Appendice.
  2. Ancien libraire, puis publiciste (Jean Lux), auteur de quelques mémoires historiques.