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CORRESPONDANCE

oui ! va, pauvre Muse, tu as bien raison : « Si j’étais riche, tous ces gens-là baiseraient mes souliers ». Pas même tes souliers, mais la trace, l’ombre ! Tel est le courant des choses. Pour faire de la littérature étant femme, il faut avoir été passée dans l’eau du Styx.

Quant aux offres de Du Camp relativement à Mme Biard, il y a entre les hommes une sorte de pacte fraternel et tacite qui les oblige à être maquereaux les uns des autres. Pour ma part je n’y ai jamais manqué. On reconnaît à cela la bonne éducation, le gentleman. Mais si j’étais directeur d’une revue, je serais peu gentleman. Au reste les articles de la mère B… ne sont pas pires que d’autres. Tout se vaut, au-dessous d’un certain niveau comme au-dessus. Quant à toi, si tu leur envoyais quelque chose, je suis sûr qu’ils l’accepteraient ; à moins que ce ne soit un parti pris de t’écarter complètement, ce qui se peut. Il faudrait pour cela renouer avec le Du Camp, et c’est un homme à ne pas voir, je crois. Cette locution que j’emploie ouvre la porte à toutes les hypothèses. Ce malheureux garçon est un de ces sujets auxquels je ne veux pas penser. Je l’aime encore au fond ; mais il m’a tellement irrité, repoussé, nié, et fait de si odieuses crasses que c’est pour moi « comme s’il était déjà mort », ainsi que dit le duc Alphonse à Mme Lucrezzia. Je ne sais aucun détail lubrique touchant la Sylphide qui, à ce qu’il paraît, a été fortement touchée (et branlée peut-être ?).

Bouilhet ne m’a écrit dans ces derniers temps que des lettres fort courtes. J’avais toujours jugé ladite une gaillarde chaude, et je vois que je ne