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CORRESPONDANCE

depuis le commencement de septembre. Quels piètres primesautiers nous faisons, avouons-le !

J’ai relu hier toute la première partie. Cela m’a paru maigre. Mais ça marche (?). Le pire de la chose est que les préparatifs psychologiques, pittoresques, grotesques, etc. qui précèdent, étant fort longs, exigent, je crois, un développement d’action qui soit en rapport avec eux. Il ne faut pas que le prologue emporte le récit (quelque déguisé et fondu que soit le récit), et j’aurai fort à faire pour établir une proportion à peu près égale entre les aventures et les pensées. En délayant tout le dramatique, je pense y arriver à peu près. Mais il aura donc 75 000 pages, ce bougre de roman-là ! Et quand finira-t-il ?

Je ne suis pas mécontent de mon article de Homais (indirect et avec citations). Il rehausse les comices et les fait paraître plus courts parce qu’il les résume.

Et toi, vieux, ton Homme avance-t-il ? Envoie-moi donc quelque chose. Je ne suis pas difficile sur la quantité, tu le sais.

Pourquoi crois-je que d’ici à peu nous aurons du sieur Théo des fossiles quelconques, comme nous avons eu du latin après Melaenis ? était-il bête, l’autre jour, ce brave garçon ! (Son acharnement sur « écarté », sa théorie qu’il ne faut pas être harmonieux, etc.). Allons, pas fort ! pas fort du tout ! Si tu savais comme je t’ai aimé frénétiquement quand, au coin de la rue, après l’avoir quitté, tu m’as dit : « Non… non… solide comme la colonne ! comme la colonne ! s… n… de D… ! »

Oui, il ne faut pas nous démonter ! Ne prenons aucun souci de tout cela et causons un peu des