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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Quant à ma famille, à moi, rien de nouveau n’y est survenu. Je m’occupe beaucoup de l’éducation de ma petite nièce. Elle commence à parler assez couramment l’anglais et à lire quelques mots d’allemand. Je vous remercie bien de votre invitation. J’en profiterai peut-être à quelque jour. Où est le temps où je n’en refusais aucune, et qu’est devenu ce bon cabinet de la Gazette musicale, où l’on disait de si fortes choses entre quatre et six heures du soir ?

Quelle étrange chose que la vue des lieux ! Chaque fois que je passe par Vernon, je me penche à la portière machinalement pour vous voir sous le débarcadère ! J’ai déjà perdu tant d’affections, cher ami, je compte tant de morts, en terre et sur terre, que je tiens au peu qui me reste, et je me raccroche à mes souvenirs comme d’autres à leurs espérances.

Allons, adieu, songez à moi. Écrivez-moi. Ma mère a été bien sensible à votre souvenir. Présentez à Mme Maurice toutes mes civilités affectueuses. Embrassez votre fils pour moi et donnez-vous une poignée de main de ma part.

Tout à vous.


441. À LOUISE COLET.

En partie inédite.

[Croisset] Nuit de mardi [29 novembre 1853].

Sais-tu que tu m’éblouis par ta facilité ? En dix jours tu vas avoir écrit six contes. Je n’y comprends rien (bons ou mauvais, je les admire). Moi, je