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CORRESPONDANCE

ne doit être bon qu’à sentir celui des autres. Soyons des miroirs grossissants de la vérité externe.

Non, n’invite pas Delisle pour jeudi. Le vendredi si tu veux. Soyons seuls le premier jour. Quoique cela va encore t’indigner, je continuerai à descendre rue du Helder. Bouilhet a été assez mal à l’Hôtel du Bon La Fontaine. J’ai d’ailleurs assez vécu dans ce quartier ! Et puis, au lieu de m’épargner des courses, cela m’en causerait plus. J’expédierai, comme de coutume, les miennes le matin ; puis je viendrai chez toi pour tout le reste du jour (sauf un ou deux peut-être où je n’y dînerai pas). Je t’assure enfin que cela me dérangerait beaucoup de descendre si loin du centre (expression provinciale). Bouilhet a été content de mes comices, refaits, raccourcis et définitivement arrêtés. Moi, ça me paraît un peu sanglé, un peu trop cassé et rude. Je n’ai plus que cinq à sept pages pour que toute cette scène soit finie. Quand je t’ai quittée la dernière fois, je croyais être bien avancé à notre prochaine entrevue ! Quel décompte ! J’ai écrit seulement vingt pages en deux mois. Mais elles en représentent bien cent !

Je te promets bien qu’à l’avenir, c’est-à-dire cette année, je ne serai jamais si longtemps sans venir. Adieu, chère amie. Tu me dis que tu tressailles d’attente. Et moi !

Mille baisers. À jeudi. Ne nous fais pas dîner avant 7 heures. Je t’embrasse.

À toi. Ton G.