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DE GUSTAVE FLAUBERT.

elle pas en soi-même une volupté, presque une promesse ?

Adieu, à bientôt. Mille baisers.

Ton G.

436. À LOUISE COLET.
[Croisset] Vendredi soir, minuit et demi,
[28-29 octobre 1853].

J’ai passé une triste semaine, non pour le travail, mais par rapport à toi, à cause de toi, de ton idée. Je te dirai plus bas les réflexions personnelles qui en sont sorties. Tu crois que je ne t’aime pas, pauvre chère Louise, et tu te dis que tu es dans ma vie une affection secondaire. Je n’ai pourtant guère d’affection humaine au-dessus de celle-là, et quant à des affections de femme, je te jure bien que tu es la première, la seule, et j’affirme plus : je n’en ai pas eu de pareille, ni de si longue, et de si douce, ni de si profonde surtout. Quant à cette question de mon installation immédiate à Paris, il faut la remettre, ou plutôt la résoudre tout de suite. Cela m’est impossible maintenant (et je ne compte pas l’argent que je n’ai pas et qu’il faut avoir). Je me connais bien, ce serait un hiver de perdu et peut-être tout le livre. Bouilhet en parle à son aise, lui qui heureusement à l’habitude d’écrire partout, qui depuis douze ans travaille en étant continuellement dérangé. Mais moi, c’est toute une vie nouvelle à prendre. Je suis comme les jattes de lait : pour que la crème se forme, il faut les laisser immobiles. Cependant je te le ré-