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CORRESPONDANCE

quoique je ne le retienne guère, quoique je le pousse à partir.

Comme mes cheveux tombent ! Un perruquier qui me les coupait lundi dernier en a été effrayé, comme le capitaine de la laideur de Villemain. Ce qui m’attriste, c’est que je deviens triste, et bêtement, d’une façon sombre et rentrée. Oh ! la Bovary, quelle meule usante c’est pour moi !

L’ami Max a commencé à publier son Voyage en Égypte. Le Nil pour faire pendant à Le Rhin ! C’est curieux de nullité. Je ne parle pas du style, qui est archiplat et cent fois pire encore que dans le Livre posthume. Mais comme fond, comme faits, il n’y a rien ! Les détails qu’il a le mieux vus et les plus caractéristiques dans la nature, il les oublie. Toi qui as lu mes notes, tu seras frappée de cela. Quelle dégringolade rapide ! Je te recommande surtout son passage des Pyramides où brille, par parenthèse, un éloge de M. de Persigny.

As-tu répondu au Crocodile ? Vas-tu lui répondre ? Faut-il que je lui écrive ?

Adieu, je fume une pipe et vais me coucher. Mille baisers sur le cœur. À toi.


432. À LOUISE COLET.
[Croisset] Mercredi, minuit [12 octobre 1853].

J’ai la tête en feu, comme il me souvient de l’avoir eue après de longs jours passés à cheval. C’est que j’ai aujourd’hui rudement chevauché ma plume. J’écris depuis midi et demi sans désemparer (sauf de temps à autre pendant cinq minutes pour fumer