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CORRESPONDANCE

Adieu, toutes sortes de tendresses, pauvre chère Muse. Ne vas-tu pas bientôt à la campagne avec Henriette ? Je t’embrasse ; encore à toi.

Ton G.

418. À LOUISE COLET.

En partie inédite.

[Trouville] Dimanche, 11 heures
[et lundi, 21 et 22 août 1853].

J’expédierai demain un petit paquet contenant tes contes, et deux écrans chinois que j’ai trouvés ici dans une boutique. Je souhaite qu’ils te fassent plaisir, bonne chère Muse. Quant aux Contes, je n’ai pas touché à « Richesse oblige », comme je te l’ai dit dans ma dernière lettre. Cette œuvre me semble complètement à refaire, ou plutôt à laisser.

Tu t’es étrangement méprise sur ce que je disais relativement à Leconte. Pourquoi veux-tu que, dans toutes ces matières, je ne sois pas franc ? Je ne peux pourtant (et avec toi, surtout, au risque des déductions forcées et allusions lointaines que tu en tires) déguiser ma pensée. J’exprime en ces choses ce qui me semble, à moi, la Règle. Pourquoi veux-tu toujours t’y faire rentrer ? Quand je parle de femmes, tu te mets du nombre. Tu as tort ; cela me gêne. J’avais dit que Leconte me paraissait avoir besoin de l’élément gai dans sa vie. Je n’avais pas entendu qu’il lui fallait une grisette. Me prends-tu pour un partisan des amours légères, comme J.-P. de Béranger ? La chasteté absolue me semble, comme à toi, préférable (moralement) à