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CORRESPONDANCE

dans ces cervelles ! ô hommes pratiques, hommes d’action, hommes sensés, que je vous trouve malhabiles, endormis, bornés !

J’ai eu ce matin donc une conférence de près de quatre heures avec un môsieur, restant debout, contemplant les blés, parlant baux, engrais et amélioration possible des terres. Vois-tu ma tête ! Après quoi j’ai écrit à Achille, en quatre pages, un modèle de lettre d’affaire, une petit mot pour toi, et j’ai un peu dormi cet après-midi. Mais je suis encore fatigué à cause de l’ennui et du froid que j’ai eus. Je grelottais dans les guérets, et mon cigare tremblait au bout de mes dents. J’aurais bien voulu ce soir t’écrire cette correction, cela m’aurait remis ; mais je n’y vois que du feu en vérité.


416. À LOUISE COLET.

Entièrement inédite.

Mercredi matin, 10 heures [17 août 1853].

On vient de me remettre : 1o ton paquet ; 2o ta lettre de lundi soir, et mardi, mon lit était jonché de toi (ç’a été un bon réveil) et je me lève pour t’envoyer ce petit mot.

Merci du portrait. Je ne sais ce que j’en ferai à Croisset ; mais, ici, il m’a fait plaisir. N’importe, la photographie est une vilaine chose !

Je vais corriger tes contes. Tu auras tout cela avant le 25. Comptes-y. J’ai lu celui d’Imprudence, dans lequel il y a de bien bons vers ! Que de talent