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DE GUSTAVE FLAUBERT.

411. À LOUISE COLET.

Entièrement inédite.

22 juillet 1853, nuit de vendredi, 1 heure.

Oui, j’arriverai lundi prochain chez toi, vers 6 heures. Comme il faut que j’aille deux jours à Nogent, je préfère partir dès le lendemain mardi et revenir le mercredi soir. Je resterai avec toi jusqu’au mardi de l’autre semaine. Ma mère sera partie seule à Trouville ; je l’irai rejoindre. Bouilhet ne viendra pas. Je l’ai vu hier ; il était un peu malade. Ses bacheliers à la fin de l’année l’occupent plus que jamais. Comme il a voulu se supprimer le tabac, il est dans une grande démoralisation et agacé nerveusement au suprême degré. Hier, il se purgeait et avait un œil tout enflé. Toutes les fois qu’il lui a fallu se mettre en train à un fossile, il a été indisposé.

J’ai eu, aujourd’hui, un grand succès. Tu sais que nous avons eu hier le bonheur d’avoir Monsieur Saint-Arnaud[1]. Eh bien j’ai trouvé ce matin, dans le Journal de Rouen, une phrase du maire lui faisant un discours, laquelle phrase j’avais, la veille, écrite textuellement dans la Bovary (dans un discours de préfet, à des Comices agricoles). Non seulement c’était la même idée, les mêmes mots, mais les mêmes assonnances de style. Je ne cache pas que ce sont de ces choses qui me font plaisir. Quand

  1. Maréchal de Saint-Arnaud, ministre de la Guerre. Répondant au discours du préfet, il assura les Rouennais que l’Empereur se faisait un devoir de restaurer l’agriculture de ses désastres.