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DE GUSTAVE FLAUBERT.

bons jours nous passerons, bonne chère Muse ! D’ici là, mille tendres baisers partout. À toi et tout à toi.

Ton G.

407. À LOUISE COLET.
[Croisset] Mardi, 1 heure [12 juillet 1853].

Toujours sauvage ! toujours féroce ! toujours indomptable et passionnée ! Quelle étrange Muse tu fais, et comme tu es injuste dans tes mouvements ! Je mets cela sur le compte du lyrisme. Mais je t’assure que ça a un côté bien étroit et même heurtant quelquefois, chère bonne Louise. Parce que cet imbécile d’Azvédo m’a embêté deux jours, tu m’envoies une espèce de diatribe vague contre lui, contre moi, contre tout. Mais je t’assure que je suis bien innocent de tout cela. Et d’abord je ne l’ai pas du tout invité. C’est lui, de son chef, qui est revenu le second jour. À moins de le prendre par les épaules, il n’était pas possible de le mettre à la porte. Il est revenu avec Bouilhet, et celui-ci n’a pas mieux demandé que de venir pour avoir un soulagement. Quant à lui, Bouilhet, après ce qu’Azvédo avait fait (ou disait avoir fait) pour la publication de Melaenis, il ne pouvait non plus l’envoyer promener brutalement. Enfin, le soir même j’exhale mon embêtement en dix lignes pour n’en plus parler, n’y plus penser ; puis je te parlais d’autre chose, d’un tas de choses meilleures et plus hautes (dont tu ne dis pas même un mot).