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CORRESPONDANCE

pas nous inviter (ils viennent ici tous les dimanches). Est-ce bon, ça ? Tu peux juger par là de l’empressement qui nous entoure, ma mère et moi. Mais ces braves gens (peu braves gens), qui sont la banalité même, ne comprennent guère et n’aiment guère conséquemment les non-ordinaires. N’importe comment, jouis-je de peu de considération dans mon pays et dans ma famille ! ça rentre au reste dans toutes les biographies voulues, dans la règle. Adieu, mille tendresses et caresses. Baisers partout.

Ton G.

406. À LOUISE COLET.
[Croisset, 7-8 juillet 1853] Nuit de jeudi, 1 heure.

Hier 6 et aujourd’hui 7 juillet 1853 seront célèbres comme embêtement dans les fastes de mon existence. Deux jours d’Azvédo[1] ! Deux après-midi ! Deux dîners ! Quel crocodile ! ou plutôt quel lézard ! Et ce qu’il y a de bon, c’est que ce cher garçon m’adore. Il m’a embrassé ce soir en partant ! Hier à onze heures il arrive, et je l’ai fait partir à sept heures par le bateau. Ne sachant à quoi employer le temps, je lui ai proposé une promenade dans le bois. Il faisait un temps splendide, la vue de la forêt me calmait la sienne, et en somme je ne me suis pas trop ennuyé. Mais c’est quand on est en tête à tête et qu’on le regarde ! Aujourd’hui à 4 heures il est revenu avec Bouilhet qu’il ne quitte

  1. Critique musical déjà cité p. 124.