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DE GUSTAVE FLAUBERT.

C’est un tort ; il devrait faire autre chose. Il va finir par s’ankyloser dans cette haine ! Les satires personnelles passent, comme les personnes. Pour durer, il faut s’attaquer au durable. Tu feras bien de m’envoyer la réponse de suite. J’ai une occasion prochaine et sûre avant la fin de la semaine.

J’ai ouvert ce matin, je l’avoue, la Revue de Paris d’abord et j’ai feuilleté avidement cet article de Castille. Ce qu’il dit du Philosophe est même modéré en comparaison de la manière dont il a traité les autres. Mais quel imbécile, quel médiocre et envieux coco ! Toujours les faibles préférés aux forts. À propos de Thiers, il lui reprochait d’aimer mieux Danton que Robespierre. À propos de Carrel, il grandit Girardin et reproche au premier d’avoir fait travailler les ouvriers du National à des heures indues. Aujourd’hui, c’est Chateaubriand insulté et Lamennais vanté. M. Auguste Comte (auteur de La philosophie positive, lequel est un ouvrage profondément farce, et qu’il faut même lire pour cela, l’introduction seulement, qui en est le résumé ; il y a, pour quelqu’un qui voudrait faire des charges au théâtre, dans le goût aristophanesque, sur les théories sociales, des californies de rire), pour Auguste Comte, dis-je, il est tout miel et tout sucre, tandis que le Philosophe est malmené. De son analyse de Locke pas un mot, ni de ses travaux sur la philosophie ancienne, rien, etc. Tout est du même tonneau. Un coup de patte en passant à Jouffroy, parce que Jouffroy est mal vu du Constitutionnel pour avoir été bien vu de Mignet, lequel l’est mal du gouvernement. C’est charmant, cette série de ricochets ! Et enfin, comme couronnement de l’œuvre, Proudhon,