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DE GUSTAVE FLAUBERT.

tomber un meuble sur la tête, il dérangeait. Or tout ce qui dérange est meurtri par les angles des choses qu’il déplace. Et je ne compte pas les coups de pied au cul donnés au pauvre ours, ni les chaînes, ni la bastonnade, et les sifflets, et le rire des enfants. « Ô ours, mes frères, j’ai compris votre douleur, etc… » Quel beau mouvement à continuer pendant dix pages !

Je lis maintenant les contes d’enfant de Mme d’Aulnoy, dans une vieille édition dont j’ai colorié les images à l’âge de six ou sept ans. Les dragons sont roses et les arbres bleus ; il y a une image où tout est peint en rouge, même la mer. Ça m’amuse beaucoup, ces contes. Tu sais que c’est un de mes vieux rêves que d’écrire un roman de chevalerie. Je crois cela faisable, même après l’Arioste, en introduisant un élément de terreur et de poésie large qui lui manque. Mais qu’est-ce que je n’ai pas envie d’écrire ? Quelle est la luxure de plume qui ne m’excite ! Adieu, bon courage ; à la fin de juillet je t’irai voir ; encore six semaines ; d’ici là travaille bien, mille bons baisers partout, et surtout à l’âme.


402. À LOUIS BOUILHET.
[Croisset, 23 juin 1853.]
My Dear,

Je me suis surembêté, ces jours-ci, d’une façon truculente. Il m’était impossible, tout l’après-midi,