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DE GUSTAVE FLAUBERT.

ticle de Pichat sur lui est de fond honnête, quoiqu’il y eût mieux à dire ; mais enfin l’intention est bonne. Cet article est probablement pour racheter ceux de Castille (dans le prochain numéro le Philosophe y passera). Ces gaillards-là nagent en eau trouble. Pourquoi est-ce que je crois que dans cet article sur le Philosophe il y aura des petites allusions offensives à ton endroit ? Ça m’étonnerait que ça n’y fût pas et, au fond, si ça ne va pas trop loin, j’en serai presque content. Ce sera ça de plus ! et un élargissement au fossé qui n’est pas prêt de se reboucher du reste. Je suis long à prendre des déterminations, à quitter des habitudes. Mais quand les pierres, à la fin, me tombent du cœur, elles restent pour toujours à mes pieds et aucune force humaine ensuite, aucun levier n’en peut plus remuer les ruines. Je suis comme le temple de Salomon, on ne peut plus me rebâtir.

Bouilhet avait recommandé à D[u Camp] la Paysanne et Delisle dans la même lettre, l’un et l’autre ensemble, « pour n’avoir pas l’air », comme on dit.

Vois-tu, si c’est moi qui suis chargé prochainement de transmettre à Pichat les remerciements du grand homme, ce sera étrange. Une chose m’a ennuyé, c’est que cet article lui dit (et plus longuement) ce que je lui dis moi-même. Voilà ce que c’est d’écrire n’importe quoi, quand on n’a pas les coudées franches. On est également faibles.

La politique a retenu Pichat, comme moi la peur d’être grossier ou adulateur. Quelles bien meilleures choses j’eusse dites dans un livre !

Tu me parles de lire je ne sais quel numéro de