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CORRESPONDANCE

nitivement lui répondre et dans le sens que j’ai arrêté en dernier lieu.

Bouilhet a une nouvelle prouesse de Du Camp à te raconter, et qui est splendide. Le temps aujourd’hui est lourd, il commence à pleuvoir, j’étouffe un peu. Je suis fatigué et je pense à toi. Voilà bientôt déjà 24 heures que nous sommes séparés ! Je t’écrirai demain ou après-demain, quand je serai remis.

À toi, cher Amour, à toi de toutes mes profondeurs.

Ton G.

391. À LOUISE COLET.

En partie inédite.

Croisset, mardi 11 heures [17 mai 1853].

J’ai reçu ce matin ta bonne lettre, triste et douce, pauvre chère amie. Je vais faire comme tu as fait, te raconter tout mon départ. Quand j’ai vu ton dos disparaître, j’ai été me mettre sur le pont afin de revoir le train passer. Je n’ai vu que cela. Tu étais là dedans ; j’ai suivi de l’œil le convoi tant que j’ai pu et j’ai tendu l’oreille. Du côté de Rouen, le ciel était rouge avec de grandes barres pourpres inégales. J’ai allumé un autre cigare, je me suis promené de long en large. Par bêtise et ennui, j’ai été boire un verre de kirsch dans un cabaret, et puis le train de Paris est arrivé. J’ai rencontré là, allant à Elbeuf, un ancien camarade à moi, clerc de notaire, grand séide de Du Camp (c’est son groom, etc.), avec qui j’ai