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CORRESPONDANCE

manie. L’année prochaine, quand B[ouilhet] ne sera pas là, je consacrerai mes dimanches à ce grand rangement qui sera à la fois très triste et très amusant, très pénible et assez sot. À propos de lettre, j’en ai reçu une de D[u Camp] (à l’occasion d’une chose égarée de voyage, que je lui demandais) des plus aimables, cordiale, dans le ton de l’amitié. Il m’annonce que les vers de B[ouilhet] doivent paraître dans le prochain numéro, seuls pour les mieux faire valoir, etc. (?). Comme je ne tiens aucun compte de ses sentiments favorables ou malveillants, je ne me creuserai pas la tête à chercher d’où vient ce revirement momentané.

Et toi, es-tu remise ? Comment vas-tu ? Je m’attends demain ou après-demain à avoir la Paysanne. Combien ton avoué demande-t-il de dommages-intérêts dans l’affaire Barba ? Es-tu sûre de gagner et que ce ne soit des frais perdus ?

Ce bon père Béranger ! Je crois que la Paysanne le syncopera un peu. Voilà de la poésie peuple comme ce bourgeois n’en a guère fait. Il a les pattes sales, Béranger ! Et c’est un grand mérite en littérature que d’avoir les mains propres. Il y a des gens (comme Musset par exemple) dont ç’a été presque le seul mérite, ou la moitié de leur mérite pour le moins. Les poètes sont d’ailleurs jugés par leurs admirateurs, et tout ce qu’il y a de plus bas en France, comme instinct poétique, depuis trente ans s’est pâmé à Béranger. Lui et Lamartine m’ont causé bien des colères par tous leurs admirateurs. Je me souviens qu’il y a longtemps, en 1840, à