Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 3.djvu/187

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
181
DE GUSTAVE FLAUBERT.

dans certains moments que ça me vaut bien, quand je me couche, deux ou trois lieues faites à pied. Quelle singulière mécanique que l’homme ! Quoique je n’aie rien à te dire, je voudrais bien pourtant t’emplir ces quatre pages, pauvre Muse, bonne et belle amie. Ah ! si ! J’ai quelque chose à te dire, c’est que ma Bovary n’avançant qu’à pas de tortue, je renonce à remettre à la fin du mouvement qui m’occupe notre entrevue à Mantes. Nous nous verrons dans quinze jours au plus tard. Je veux seulement écrire encore trois pages au plus, en finir cinq que j’écris depuis l’autre semaine, et trouver quatre ou cinq phrases que je cherche depuis bientôt un mois. Mais quant à attendre que j’en sois à la fin de cette première partie de la deuxième, j’en aurais, en travaillant bien, pour jusqu’à la fin du mois de mai. C’est trop long ! Ainsi la lettre que je t’écrirai à la fin de la semaine prochaine te dira positivement le jour de notre rendez-vous. Tâche de te bien porter et de m’apporter ce que tu as fais du plan de ton drame, ainsi que le poème de l’Acropole tel qu’il a été envoyé à l’Académie. J’ai passé tantôt presque une heure à fouiller partout pour retrouver la lettre du Gagne[1] : (peine perdue). Mais j’ai retrouvé les Fantômes. Je suis sûr de l’avoir (la lettre de Gagne), mais j’ai un tel encombrement de lettres dans mes tiroirs et de paperasses dans mes cartons, que c’est le diable quand il faut chercher quelque chose que je n’ai point classé. Si tu veux, je recommencerai et je suis sûr que je la retrouverai. Jamais je ne jette aucun papier ; c’est de ma part une

  1. Voir lettre no 345.