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DE GUSTAVE FLAUBERT.

384. À LOUISE COLET.

Entièrement inédite.

Nuit de mercredi, 2 heures [20 avril 1853].

Puisqu’il te faut une réponse immédiate, chère Muse, j’enverrai demain, à 6 heures, mon domestique à cheval porter à Rouen ce petit mot. Autrement, il ne m’est jamais possible de te répondre poste par poste. Tu dois avoir ceci demain, vers 5 heures. Voilà mon opinion sur les corrections proposées par le gars Pelletan : merde !

Quand on s’est échigné à faire son œuvre, en conscience, qu’on s’est donné bénévolement d’atroces ennuis à la corriger, se corriger, peser et critiquer et refondre et rechanger, etc., s’il fallait obéir ensuite à tous les imbéciles qui vous disent : recommencez, autant vaudrait se jeter la tête la première par-dessus le Pont Neuf.

Garde

Trottant comme hanneton


S’il faut changer à toute force par condescendance, mets :

Trottant sous son petit jupon


qui ne le vaut pas.

Oh ! les gens de goût qui n’ont pas remarqué les deux seules métaphores inexactes du poème : « La douleur d’airain qui marche » et « les ailes qui ont des ruines » ! et qui s’attachent à celles-ci.