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CORRESPONDANCE

nonobstant, irait exprès chez le préfet et lui demanderait cette recommandation. Je devais avoir la réponse telle quelle ce matin. Peut-être sera-ce pour demain ? Si j’en ai une, je rouvrirai ma lettre, pour t’en faire part. Tu recevras dans la prochaine celle du grand homme (qui est vraiment charmante), puisque tu y tiens. Mais ces voyages de papiers semblables sont bien inutiles et de telles choses ne devraient pas rester longtemps dans tes mains. Songes-y donc un peu. Je crois aussi qu’il serait plus prudent que je reçusse ses lettres de Londres directement. Encore cinq ou six envois et le timbre seul mettra sur la piste ; on les ouvrira ; elles seront gobées. De Londres, au contraire, c’est trop vague, heureusement. Il faudrait donc, je crois, qu’il les y envoyât. Comme tu peux les y envoyer, il y aurait une double enveloppe. La lettre même, partant de lui, serait à mon adresse et enveloppée dans une autre à la désignation de Mme Farmer[1], laquelle l’ouvrirait et remettrait une seconde enveloppe à moi adressée ; de même que pour toi, tu m’enverrais tes lettres, je les enfermerais à l’adresse de Mme Farmer qui, à Londres l’ouvrirait et la jetterait à la poste. Il me semble que, de cette façon, vous ne devez avoir rien à craindre. Tu comprends que pour moi ça m’est parfaitement égal. Mais, pour toi, cela peut être important. J’aime mieux avoir recours à Mme Farmer qu’à tout autre. Qui sait si les connaissances de l’institutrice ne peuvent pas bavarder ? J’avais pensé aussi aux Miss Collier,

  1. Amie de Mme Flaubert qui habitait Londres, et à qui l’institutrice de Caroline Hamard adressait les lettres et paquets destinés à Victor Hugo.