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CORRESPONDANCE

mauvaises assonances, des tournures banales. Tu t’acharnes à des misères. Quand je te dis que sardoine est le mot français de sardonix, qui est latin, tu me réponds que ça ressemble à sardine ! et pour cela tu fais deux vers durs :

Un Sardonix…
Un autre…


ornés d’un mot pédantesque. Ah ! si tu avais fait Melaenis nous aurions eu de la science ! Dans ta rage de corriger nos corrections, tu ajoutes des fautes. Le soyeux parasol. Les Grecs ne connaissaient pas la soie ; ou elle était tellement rare que c’était tout comme. Enfin n’est-ce pas un parti pris, lorsqu’on t’avertit de vers désagréables comme :

Il semble qu’il ondule en sa marche légère
Ainsi que sur la mer il glisse sur la terre


de remettre mer au lieu de flots etc., etc.

Que veux-tu que je te dise ? Il me semble que tu te mets complètement dans la blouse ? Où nous avions lié les phrases, tu les dénoues ! Garde donc tes à droite, tes à gauche, tes puis viennent à satiété, etc.

Tes objections techniques n’ont aucun sens. Je crois que ton idéal, en faisant l’Acropole, était de faire une description d’architecte. Cela me paraît t’avoir étrangement préoccupée.

Je devrais m’arrêter là. Une seule considération me fait continuer. Je sais combien, lorsqu’on sort d’une œuvre, on en est plein. Je te conseille donc de tâcher de revoir à froid ce que nous te disons.

Cette re-lecture du manuscrit me donne mal