Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 2.djvu/97

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
91
DE GUSTAVE FLAUBERT.

Maintenant, pour sa gouverne, il faut qu’il sache :

1o  Qu’il peut y avoir du danger de diverses natures : privation de choses nécessaires, chaleur excessive, mauvaise nourriture bien souvent, maladies, coups de fusil, mal de mer, etc. (la plus grande prudence est exigée tant pour lui que pour nous ; quelque incartade de sa part pourrait nous attirer de mauvaises affaires).

2o  Il sera privé complètement, ou à peu près, de femelles, sous peine, s’il voulait s’en passer la fantaisie, de se faire couper la gorge et à nous aussi.

3o  Il n’aura plus ni vin, ni eau-de-vie, mais du café plusieurs fois par jour (en campagne) et du tabac tant qu’il en voudra ; nous lui en fournirons.

Du reste il ira à cheval comme nous, sera armé de pied en cap et aura du gibier à tuer de toute nature, depuis des perdrix rouges jusqu’à des lions et des crocodiles. Ce sera même en route sa principale occupation. Quand il aura besoin de quelque chose, nous le lui donnerons et subviendrons à tous ses besoins. Bref, il partagera complètement notre genre de vie. Que Bonenfant ait l’obligeance, tant qu’il est en lui et que Leclerc pourra le comprendre, de l’initier un peu à ce que c’est qu’un voyage pareil, pour qu’il s’en fasse quelque idée et qu’il ne nous accuse pas plus tard de l’avoir trompé. Une fois qu’il sera avec nous, il n’y aura pas à revenir, ni à regretter Courtavant. Il faudra aller jusqu’au bout.

Pour ce qui est de ses gages, nous serons partis de quinze à dix-huit mois au plus. Nous le pren-