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DE GUSTAVE FLAUBERT.

qui eût été plus commode à lire. Adieu, ma chère Louise, je vous embrasse sur le cœur, de tout le mien.


216. À LOUISE COLET.
Rouen [fin décembre 1847].

Parlons de choses sérieuses, de votre cher drame. Je n’ai jamais eu tant souci d’aucune de mes œuvres (je n’ai eu souci d’aucune du reste, c’est donc peu dire). Eh bien, je n’ai jamais tant pensé à rien de ce que j’ai pu faire qu’à votre pièce ; son avenir, son succès m’intéressent infiniment et j’en suis préoccupé comme je le serais de la nuit de noces de ma fille. Si Rachel ne peut jouer le rôle de Madeleine, il serait plus sage d’attendre à l’année prochaine. Mais si l’année prochaine, comme celle-ci, elle ne peut ou ne veut le jouer, il faut, je crois, le donner le plus tôt possible aux Français et pas ailleurs. Un demi-succès aux Français vaut mieux qu’un succès à l’Odéon. Si vous le donnez à un théâtre secondaire, il n’y aurait selon moi que la promesse d’une belle mise en scène qui me ferait céder, et encore ! Il y a du reste trop longtemps que je n’ai de nouvelles du monde civilisé pour vous donner aucun avis bien bon ; tâchez avant tout, et par n’importe quels moyens, que Rachel prenne le rôle.

Depuis ma dernière lettre, j’ai encore eu un accroc à ma casaque. Il m’a poussé sous le bras un anthrax qui m’a fait souffrir pendant quelques jours et empêché de dormir pendant quel-