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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Adieu, chère amie, et puisque tu ne veux pas que j’embrasse ton front, je passe ma main sous tes papillotes, je te prends par les oreilles, et ce baiser je le mets sur ta bouche.


213. À LOUISE COLET.

Entièrement inédite.

Samedi soir [Rouen, 11-12 décembre 1847].

Vous me dites d’être bon, de vous répondre tout de suite ; vous faites presque appel à ma générosité, pauvre chère âme. Vous saviez bien que je ne vous refuserais pas. Il y a vingt-six ans aujourd’hui, à cette heure à peu près (il est 1 heure), je suis venu au monde. Souhaitez-moi que ce qui me reste à vivre soit plus facétieux ce qui a été vécu et acceptez la dédicace de cet anniversaire.

Ah ! qu’il aurait mieux valu, je ne dis pas pour moi, mais pour vous, que jamais vous ne me connaissiez ! Vous me navrez de tristesse à vous voir si malheureuse. Et quand je pense que c’est moi qui en suis la cause, moi ! moi ! Je ne valais pas tant d’amour, je vous l’ai dit dès le début.

Si j’avais pu vivre à Paris, vous n’auriez pas tant pleuré peut-être. Cet amour que vous trouvez que je vous refuse, il se fût en allé de votre cœur pièce à pièce, ou plutôt petit à petit, emporté chaque jour par la pourriture de l’habitude. Les arrachements que vous ressentez auraient été des délabrements. Mais le bonheur ! le bonheur ! Allons donc ! le croyez-vous possible n’importe