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CORRESPONDANCE

crever comme un pétard. J’y crois parce que je le redoute et que les choses que je crains ont l’habitude de se réaliser. Voilà pourquoi Max est revenu si vite à Paris, et juste le 29, sans qu’il y eût pour cela la moindre intention ironique, soyez-en bien sûre. Je n’ai pas le cœur à l’ironie, vu le pétrin où je suis plongé. Tout me craque dans les mains pour le quart d’heure, parents, amis, argent, et vous, vous sur qui je comptais toujours !

Vous me demandez un oubli absolu. Je pourrais vous en donner les marques ; mais que cela soit, au fond, non… Vous n’avez pu vous résigner à m’accepter avec les infirmités de ma position, avec les exigences de ma vie. Je vous avais donné le fond. Vous voulez encore le dessus, l’apparence, les soins, l’attention, les déplacements, tout ce que je me suis tué à vous faire comprendre que je ne pouvais vous donner.

Qu’il en soit comme vous voudrez ! Si vous me maudissez, moi je vous bénis et toujours mon cœur remuera à votre nom.

Vous croyez que je n’ai pas non plus fêté l’anniversaire mercredi et que je n’y songeais pas. — Adieu.


203. À LOUISE COLET.

En partie inédite.

Jeudi soir. [Croisset, fin septembre 1847.]

J’ai été malade tous ces jours-ci, ma chère amie. Mes nerfs m’ont repris. J’ai eu une attaque, il y a une huitaine et j’en suis resté passablement malaise et irrité. Le travail que je fais maintenant — j’écris enfin, chose rare chez moi — ne contribue