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CORRESPONDANCE

de mes semblables ! Si j’étais seul, l’ennui ne durerait pas un quart d’heure et j’aurais bien vite envoyé promener toutes ces mauvaises bêtes. Patience ! Je me promets un jour un grand soulagement de ce côté. Mon entourage (qui, Dieu merci, m’entoure peu) recevra un jour de ma seigneurie une ruade telle qu’il ne s’en relèvera plus. Quelle admirable invention du Diable que les rapports sociaux !

Je lis maintenant le soir, dans mon lit, l’histoire de Charles XII du sieur de Voltaire. C’est corsé ! Voilà de la narration au moins.

Enault poussant Bouilhet me paraît assez grotesque. Mais qu’est-ce qui n’est pas grotesque ? Voir les choses en farce est le seul moyen de ne pas les voir en noir. Rions pour ne pas pleurer.

Dans quinze jours, chère Louise, j’espère être à tes côtés (et sur tes côtes). J’en ai besoin. Cette fin de mon roman m’a un peu fatigué. Je m’en aperçois maintenant que le four commence à se refroidir.

Adieu, je profite d’une occasion pour Rouen pour faire partir ma lettre ce soir. Écris-moi. Je t’embrasse tendrement comme je t’aime, ma vieille chérie.

À toi. Ton G.