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DE GUSTAVE FLAUBERT.

et puis qui, tout à coup, l’abandonne et lui dit : « Tirez-vous-en comme vous pourrez. » À côté de choses excellentes tu en fourres avec le même aplomb de pitoyables.

Mais l’ombre disputait à la pâle clarté
La moitié du plafond rempli d’obscurité.


n’a pas l’air d’être fait par l’auteur de :

Les suaves désirs de la vierge au cœur d’ange
Et ceux de Marion la courtisane étrange.


Et ce qui m’étonne, c’est que souvent, en tes bons endroits, la difficulté y est vaincue triomphalement (comme ici par exemple) et que les mauvais pèchent au contraire par une inexpérience enfantine.

Médite donc plus avant d’écrire et attache-toi au mot. Tout le talent d’écrire ne consiste après tout que dans le choix des mots. C’est la précision qui fait la force. Il en est en style comme en musique : ce qu’il y a de plus beau et de plus rare c’est la pureté du son.

Bouilhet a reçu de Du Camp une lettre qui nous plonge dans une hilarité profonde. Il a découvert les vers au Pays et lui fait toute espèce d’offres de services. Il va en mettre dans le numéro d’août, lui en promet d’avance pour celui de novembre, etc. Voilà les hommes : plus on les néglige, plus ils vous recherchent. Quelle pitoyable chose que tout cela !

Je ne te parle jamais de mes embêtements de famille, mais je n’en manque pas non plus. Mon frère, ma belle-sœur, mon beau-frère […], j’ai de tout cela plein le dos. Dieu ! que je suis gorgé