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CORRESPONDANCE

tion. Tu m’excuseras donc si je garde mes premières impressions que rien, je crois, n’effacera.

Ce qui se formule en moi par image y reste. Or il m’en a causé une, à ton endroit, odieuse. Nous causerons de tout cela tranquillement, ensemble, dans seize à dix-huit jours, quand je t’embrasserai, ma bonne chère Louise.

J’ai bien ri de ton excitation à propos du Satyricon. Il faut que tu sois fort enflammable. Je te jure bien, quant à moi, que ce livre ne m’a jamais rien fait.

Il y a, du reste, peu de luxure, quoi que tu en dises. Le luxe y domine tellement la chair qu’on la voit peu.

Adieu, à bientôt une autre lettre. Écris-moi.

Je t’embrasse bien fort.

À toi. Ton G.


335. À LOUISE COLET.

Entièrement inédite.

Jeudi 4 heures du soir.

Je suis en train de recopier, de corriger et raturer toute ma première partie de Bovary. Les yeux m’en piquent. Je voudrais d’un seul coup d’œil lire ces cent cinquante-huit pages et les saisir avec tous leurs détails dans une seule pensée. Ce sera de dimanche en huit que je relirai tout à Bouilhet et le lendemain, ou le surlendemain, tu me verras. Quelle chienne de chose que la prose ! Ça n’est jamais fini ; il y a toujours à