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CORRESPONDANCE

partout ; à toi, à toi, mon pauvre amour outragé.

Encore un long baiser.

Ton G.

334. À LOUISE COLET.

Entièrement inédite.

Dimanche soir. [18 juillet.]

Ce sera ce soir une lettre bien courte. Voilà plusieurs nuits que je passe à peu près complètement et j’ai besoin d’en faire une bonne. Je t’écrirai plus longuement un des jours de cette semaine. Hier il a fallu se lever avant six heures pour aller à 3 lieues d’ici, à la campagne, à l’enterrement de Fauvel, ce cousin de ma mère dont je t’ai parlé, qui est mort en Afrique. J’ai avalé deux messes, une à la cathédrale de Rouen d’abord, puis là-bas à Pissy. Ce matin, j’ai été à un comice agricole, dont j’en (sic) suis revenu mort de fatigue et d’ennui. J’avais besoin de voir une de ces ineptes cérémonies rustiques pour ma Bovary, dans la deuxième partie.

C’est pourtant là ce qu’on appelle le Progrès et où converge la société moderne. J’en suis physiquement malade. L’ennui qui m’arrive par les yeux me brise, nerveusement parlant, et puis le spectacle longtemps enduré de la foule me plonge toujours dans des vases de tristesse où j’étouffe !

Je ne suis pas sociable, définitivement. La vue de mes semblables m’alanguit. Cela est très exact et littéral.