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DE GUSTAVE FLAUBERT.

beaucoup de bains tièdes, fais-toi soigner et bois de la camomille.

Adresse-moi les lettres que tu m’écriras au nom de Du Camp.


200. À LOUISE COLET.

Entièrement inédite.

26 [août]. — La Bouille.

J’avais pensé à prétexter une course à Rouen et à aller à Paris pour ta fête, mais il m’eût fallu pour cela être absent deux jours (vu l’heure des bateaux), temps qui eût été un peu long pour faire une simple visite. Quant à venir ici, il n’y faut pas songer. Le pays consiste en une douzaine de maisons sur le quai ; il n’y a pas d’endroit où se voir. Patience donc, mon pauvre cœur ; cet hiver j’espère aller passer une quinzaine à Paris. Je pourrais à la rigueur m’en passer (c’est pour consulter quelques livres à la bibliothèque royale, dont j’ai besoin) ; mais je saisirai ce prétexte.

Présentement donc, je n’avise pas comment nous voir. Peut-être dénicherai-je quelque chose, mais ça me paraît difficile, vu un tas de choses que je t’expliquerai, et qui sont aussi pénibles qu’ennuyeuses.

Merci de tes offres, merci de ton dévouement, mais je n’ai maintenant besoin de rien. Dans un avenir qui est peu éloigné peut-être, je serai sans doute sans le liard, ce dont je me moque complètement. Quand j’en serai là, si j’y viens, je ne souffrirai plus sans doute de beaucoup de choses qui me feraient souffrir maintenant. Mais quant à gagner de l’argent, non ! non ! et à en gagner avec ma plume, jamais ! jamais !