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DE GUSTAVE FLAUBERT.

prochement n’ira pas plus loin, et que je ne t’assassinerai jamais. Mais qui sait ? N’importe, ce serait drôle.

C’était, après tout, un homme de meurs aimables que M. de Praslin, mais il n’aimait pas les grosses femmes.

Dis-moi donc quels étaient ces détails que l’on a omis à dessein dans la publication de cette affaire et qu’est-ce que c’était que ce liquide répandu sur les draps de la Duchesse. Dans ta lettre qui était adressée à Fougères, tu me parlais de révélations curieuses de l’institutrice. Quelles sont-elles ?

J’ai feuilleté le livre de Thoré[1]. Quel bavardage ! que je m’estime heureux de vivre loin de tous ces gaillards ! quelle fausse instruction ! quel placage, quel vide ! Je suis las de tout ce qu’on dit sur l’Art, sur le Beau, sur l’idée, sur la forme ; c’est toujours la même chanson et quelle chanson ! Plus je vais et plus j’ai en pitié tous ces gens-là et tout ce qu’on fait maintenant. Il est vrai que je passe maintenant toutes mes matinées avec Aristophane. Voilà qui est beau et verveux et bouillant. Mais ce n’est pas décent, ce n’est pas moral, ce n’est même pas convenable ; c’est tout bonnement sublime.

Du haut de l’Arc de Triomphe, les Parisiens, même ceux qui sont à cheval, ne paraissent pas grands. Quand on est huché sur l’antiquité, les modernes non plus ne vous semblent pas fort élevés de stature. Quand je me sonde là-dessus, je ne crois pas qu’il y ait chez moi sécheresse ni

  1. Critique d’art, il fit la critique des Salons sous le nom de W. Burger.