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CORRESPONDANCE

lombe, j’irais vers toi, chère et bonne amie, oui j’irais, quand ce ne serait que pour toi. Mais ce serait pour moi aussi, car je te désire souvent et je pense à toi tous les jours. Si tu savais comme je suis enchaîné ici ! Oh ! les tyrannies douces !

Pourquoi, quand nous sommes ensemble, nos caractères et nos idées se heurtent-ils toujours ? Il y a là quelque chose qui ne dépend pas de nous et qui est amèrement fatal. Nous essayerons de nous y prendre mieux, n’est-ce pas ?

Que je t’embrasse pour ton bon amour, pour ton bon cœur. N’aie plus de ces colères qui m’affligent et qui m’irritent. Adieu. Un long baiser sur tes seins.

À toi.


199. À LOUISE COLET.

En partie inédite.

Croisset. Vendredi soir, 11 heures. [Août 1847.]

J’ai envoyé tantôt à Rouen chercher le paquet que tu m’y avais adressé. Heureusement que tu n’y avais pas intercalé de billet, il eût été probablement lu et alors !… En aurais-je eu à subir de ces aimables plaisanteries !…

Je lirai les lettres de M. de Praslin. Le peu que j’en connais me paraît curieux. J’y ai été frappé d’une chose, c’est que ces lettres m’ont rappelé par place la couleur des tiennes. Tu vas rire, mais ce rapprochement, quelque fin qu’il soit, m’a sauté aux yeux par sa justesse. Il faut croire que le rap-