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DE GUSTAVE FLAUBERT.

belles comparaisons de la nature, telles qu’un éclair par intervalles qui ressemble à un clignement d’œil : voilà à peu près tout. Et d’abord, pour parler clair, la baise-t-il ou ne la baise-t-il pas ? Ce ne sont pas des êtres humains, mais des mannequins. Que c’est beau, ces histoires d’amour où la chose principale est tellement entourée de mystère que l’on ne sait à quoi s’en tenir, l’union sexuelle étant reléguée systématiquement dans l’ombre comme boire, manger, pisser, etc. ! Le parti pris m’agace. Voilà un gaillard qui vit continuellement avec une femme qui l’aime et qu’il aime, et jamais un désir ! Pas un nuage impur ne vient obscurcir ce lac bleuâtre ! Ô hypocrite ! S’il avait raconté l’histoire vraie, que c’eût été plus beau ! Mais la vérité demande des mâles plus velus que M. de Lamartine. Il est plus facile en effet de dessiner un ange qu’une femme : les ailes cachent la bosse. Autre chose : c’est dans un désespoir qu’il visite Pompéi, le Vésuve, etc., ce qui était une manière bien intelligente de s’instruire, par parenthèse. Et là, pas un mot d’émotion, tandis que nous avons passé au commencement par l’éloge de Saint-Pierre de Rome, œuvre glaciale et déclamatoire, mais qu’il faut admirer. C’est dans l’ordre ; c’est une idée reçue. Rien dans ce livre ne vous prend aux entrailles. Il y aurait eu moyen de faire pleurer avec Cecco, le cousin dédaigné. Mais non. Et à la fin aucun arrachement ; par exemple, l’exaltation intentionnelle de la simplicité (des classes pauvres, etc.) au détriment du brillant des classes aisées, l’ennui des grandes villes.

Mais c’est que Naples n’est pas ennuyeux du tout. Il y a de charmantes femelles, et pas cher. Le