Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 2.djvu/395

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
389
DE GUSTAVE FLAUBERT.

seul pour faire tomber un chef-d’œuvre. Comment se fait-il que tu n’aies pas vu cela ?

Dans la scène 5, l’explosion de Léonie dépasse les bornes. Bref, toute cette pièce me fait une impression de délicatesse froissée, pareille à celle que tu as ressentie si légitimement à la lecture de la bonne moitié de l’Éducation sentimentale.

J’arrête là mon analyse, car c’est, selon moi, une idée à reprendre complètement, ou à laisser.

Excuse-moi si je te choque en ce moment. Fais lire ton œuvre à Madame R…, en qui tu as confiance, et tu verras, si elle est franche, que l’effet ne lui en sera point agréable.

Je te renvoie le volume du père d’Arpentigny. Comme il ne me l’a pas prêté, je ne peux lui écrire. Si j’étais en train, je t’écrirais une lettre pour lui montrer. Son volume m’a beaucoup intéressé. Il devrait en faire faire une édition avec des planches. Il a deux ou trois portraits frappés avec beaucoup d’esprit et un même, celui du parvenu faisant tout lui-même, est un morceau qui pourrait passer pour classique ; il y a là du talent de style.

J’ai lu Graziella. Le malheureux ! Quelle belle histoire il a gâtée là. Cet homme, on a beau dire, n’a pas l’instinct du style. Tel est du moins mon avis.

Adieu, je t’embrasse. Tâche d’être plus gaie que moi. Encore deux baisers sur tes bons et beaux yeux.

À toi.