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CORRESPONDANCE

singulièrement sortie de tes habitudes littéraires.

Cette scène entre le frère et la sœur est démesurée de longueur. On ne s’intéresse ni à l’un ni à l’autre, avec leurs projets de duperie, leurs misères et les sentiments de fierté de Léonie, quoiqu’elle avoue jouer un rôle.

La scène 4 est également longue ; le dialogue, vers la fin, plus mouvementé. On est tout heureux de trouver quelque chose d’amusant.

Les scènes 6 et 7 me semblent atroces et j’y trouve à peu près tous les défauts réunis. Quant à l’acte 2e, qu’est-ce que c’est que cette femme qui reste pendant tout l’acte en scène, à faire la sourde et muette, trompant tout le monde, si ce n’est le spectateur qui est tenté de crier à l’acteur : « Elle vous trompe ! ». (Quel besoin y avait-il de ce personnage ? En quoi est-il nécessaire à l’action ? Et ce polisson d’acte a treize scènes !) Et puis comme on s’embêtera à leur conversation par écrit ! Il faut éviter d’écrire sur la scène, ça ennuie toujours à regarder. Cette bonne Madame de Lauris, à laquelle on rarrange ses oreillers, m’assomme et me révolte. Elle se joue indignement de ses enfants, dont la tendresse fera rire. Alors nous tombons dans la farce.

Scène 3. Quel interminable monologue ! Il faut faire des monologues quand on est à bout de ressources et comme exposition de passion (lorsqu’elle ne peut se montrer en fait). Mais ici c’est pour nous parler de ce que nous voyons, c’est-à-dire la vie intérieure de ce château. Inutile.

Quant à l’oiseau que l’on dessine, le perroquet empaillé que l’acteur serait obligé de tenir à la main, ferait pouffer de rire la salle et suffirait à lui