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DE GUSTAVE FLAUBERT.

d’Arpentigny ? Ils n’ont rien de curieux. Je cherche à savoir quel est le sens de ces présents.

[…] Ce bon Augier ! Il avait bien débuté, mais ce n’est pas en fréquentant les filles et en buvant des petits verres que l’on se développe l’intelligence. Et puis tous ces gars-là sont d’une telle paresse et d’une si crasse ignorance ! Ils ont si peu la foi ! et si peu d’orgueil ! Ah ! Ah ! les gens d’esprit, quels pauvres gens cela fait !

Adieu, chère Louise, à bientôt donc.

Je t’embrasse.


315. À LOUISE COLET.

En partie inédite.

Samedi, 4 heures [3 avril 1852].

Je ne sais si c’est le printemps, mais je suis prodigieusement de mauvaise humeur ; j’ai les nerfs agacés comme des fils de laiton. Je suis en rage sans savoir de quoi. C’est mon roman peut-être qui en est cause. Ça ne va pas, ça ne marche pas. Je suis plus lassé que si je roulais des montagnes. J’ai dans des moments envie de pleurer. Il faut une volonté surhumaine pour écrire, et je ne suis qu’un homme. Il me semble quelquefois que j’ai besoin de dormir pendant six mois de suite. Ah ! de quel œil désespéré je les regarde, les sommets de ces montagnes où mon désir voudrait monter ! Sais-tu dans huit jours combien j’aurai fait de pages depuis mon retour de pays (sic) ? Vingt. Vingt pages en un mois et en travaillant chaque jour au moins sept heures ! Et la fin