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DE GUSTAVE FLAUBERT.

J’ai lu la moitié de celui du sieur d’Arpentigny. C’est curieux et fort spirituel en certaines parties. Veux-tu que je t’écrive, pour nous amuser, une lettre officielle sur son bouquin, où je ferai des remarques ? J’ai envie de m’en faire un ami, de ce pauvre père d’Arpentigny. Je ne sais pourquoi, mais je crois qu’il se divertit intérieurement sur notre compte et qu’il m’envie ma place.

[…] À propos d’excitations, Bouilhet l’est tout à fait (excité) par Madame R… Demain je verrai le fameux sonnet. Nous causerons aussi de l’article et de tout ce qu’il y a à faire. N’oublie [pas] de nous écrire distinctement les noms des deux particuliers de la Presse à qui il faut envoyer des Melaenis.

Quant à la Bretagne, je ne serais pas fâché que Gautier la lût maintenant. Mais si tu es tout entière à ta comédie, restes-y ; c’est plus important. Pioche ferme. Si je t’avais seulement sous mes yeux pendant quatre mois de suite, bien libre de toute autre chose, tu verrais comme je te ferais travailler, et comme il faut peu de chose pour changer le médiocre en bon et le bon en excellent.

En tous cas n’envoie la Bretagne à Gautier (et non Gauthier) que quand tu l’auras lue, et avertis-moi. Je t’enverrai un petit mot à mettre dans le paquet.

Adieu, je vais me coucher ; à demain. Ô ! Dieu des songes, fais-moi rêver ma Dulcinée ! As-tu remarqué quelquefois le peu d’empire de la volonté sur les rêves, comme il est libre, l’esprit, dans le sommeil, et où il va ?