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DE GUSTAVE FLAUBERT.

maison ! Il y en a qui étaient vraiment des gens de goût.

Si tu me demandes ce que j’ai vu de plus beau à Rome, d’abord la Chapelle Sixtine de Michel-Ange. C’est un art immense, à la Gœthe, avec plus de passion. Il me semble que Michel-Ange est quelque chose d’inouï, comme serait un Homère shakespearien, un mélange d’antique et de moyen âge, je ne sais quoi. Il y a encore le torse du Vatican, un torse d’homme penché en avant, un dos, avec tous ses muscles ! Douze bonnes toiles dans différentes galeries et tout le reste…

Je suis amoureux de la Vierge de Murillo, de la galerie Corsini. Sa tête me poursuit et ses yeux passent et repassent devant moi comme des lanternes dansantes.

Demain j’irai pour toi faire un tour dans Suburre. Mais c’est à Pompéi que je t’ai regretté.

Adieu, vieux. Si tu peux, envoie-moi le plus de papier écrit possible. Surtout maintenant que je suis seul, ça me fera du bien. Tes lettres, en voyage, font partie de mon hygiène.


285. À LOUISE COLET[1].

Entièrement inédite.

Croisset, 26 juillet 1851.

Je vous écris parce que « mon cœur me porte à vous dire quelque bonne parole », pauvre amie.

  1. Depuis le billet du 21 août 1848, nous n’avons aucune trace de correspondance à la Muse. Cette lettre, dont une rencontre préalable explique le ton, marque la reprise des relations entre les deux amants.