l’imprudence de nous y engager, que nous y serions restés. Nous avons même traversé la Syrie le fusil au poing. Personne n’a voulu nous conduire sur le mont Thabor et nous avons eu deux ou trois fois des alertes qui auraient pu devenir chaudes. Dieu merci, tout s’est bien passé, quoique tout notre monde ait été malade. Notre domestique français que nous avions emmené a failli crever de la fièvre, dans le Liban. Quant à nous deux, nous avons été inébranlables comme des rocs. Pendant huit mois consécutifs, nous avons vécu de riz, d’œufs durs, de notre chasse, c’est-à-dire de tourterelles, et d’eau claire. En Syrie, même régime, sauf que nous nous refaisions le tempérament dans les villes. Quant à l’Asie Mineure et à Rhodes, c’est plus confortable sous le rapport du bec. En Grèce nous avons souffert un peu du froid. Nous avons été bien rincés par les pluies et par les neiges. Nous nous sommes perdus une nuit dans le Cithéron, ce qui nous a donné occasion d’engueuler Apollon et les neuf Muses. Nous avons traversé le Péloponèse dans un rude moment. Souvent, pour passer les fleuves, nous avions de l’eau jusqu’au nombril, et nos chevaux nageaient sous nous. De Patras nous nous sommes embarqués pour Brindisi, et de Brindisi nous avons gagné Naples à travers les Calabres. Voilà ! cher vieux, ce que nous avons fait. Quant à l’Égypte, nous sommes remontés au delà de la première cataracte, environ 80 lieues au-dessus du tropique du Cancer, et nous avons fait un détour pour gagner les bords de la mer Rouge, voyage de dix jours dans le désert par 50 degrés de chaleur Réaumur et par temps de
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CORRESPONDANCE