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DE GUSTAVE FLAUBERT.

là devant la beauté de l’expression « stupet acris »[1]. Un peu plus j’aurais prié.

À Athènes nous avons fait une visite à Canaris. C’est un gros petit homme trapu, le nez de côté, à cheveux blancs rares, sans crâne. Je lui ai promis de lui envoyer les pièces d’Hugo qui le concernent. Il ne le connaissait pas, même de nom ! Ô vanité de la gloire !

J’ai relu Eschyle. J’en reviens à ma première impression ; ce que j’aime le mieux c’est Agamemnon.

En fait de souvenirs de la Grèce, nous rapportons deux morceaux de marbre de l’Acropole d’Athènes et un du temple d’Apollon Epicureus[2]. J’ai acheté dans un village, sur les bords de l’Alphée, un mouchoir brodé à une paysanne.

L’Eurotas est bordé de lauriers-roses et de peupliers. Le paysan de Sparte est unique et demande quatre pages de description ; ce sera pour plus tard. L’Élide est couverte de chênes. Nous l’avons traversée, pour venir ici, dans notre dernière journée, où nous avons fait en ligne droite sur la carte 22 lieues (15 heures de trot).

Nous avons des balles ravagées, culottées et déguenillées qui sont hautes comme chic. De chocolat, que j’étais en Syrie, je suis devenu brique. J’ai les sourcils presque roux comme un vieux matelot. Je ne m’excite pas à me considérer.

Adieu, vieux.


  1. Cette citation, que tous les éditeurs ont reproduite sans observation, est inintelligible. Il faut probablement lire : Stupet Albius, emprunté à Horace :
    Hunc capit argenti splendor ; stupet Albius aere.
    (Satires, IV, 28.)
  2. Le temple d’Apollon Epikourios (secourable), à Bassai, Arcadie.