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CORRESPONDANCE

touchent de trop près au plus profond de mon moi.

Si cette lettre te blesse, si c’est là le coup que tu attendais, il me semble qu’il n’est pas si rude. Tu me priais tant de t’assommer ! N’en accuse au reste que toi seule. Tu m’as demandé à genoux que je t’outrage. Eh bien non ! je t’envoie un bon souvenir.

Tu te trompes en disant que je suis bon pour les autres, dur pour toi seule, et tu prends un exemple de ce que je n’en veux pas à Ph[idias] pour tous ses procédés. Ah mon Dieu non ! Il peut les redoubler, les exagérer tant qu’il voudra ; j’en rirai. Qu’est-ce que ça me fait ? Qu’est-ce que je lui demande ? Sa société quand je vais le voir, lui enfin ; or s’il était autre, ce ne serait plus celui-là que je veux.


193. À LOUISE COLET.

Entièrement inédite.

Nantes, 17 mai.

Puisque vous vous obstinez à ne plus vouloir me donner de vos nouvelles et à vivre pour moi, comme si vous étiez morte, je suis forcé de vous en demander moi-même. Qu’est-ce que vous faites et comment portez-vous la vie ? Si c’est moi qui ai causé votre malheur, pourquoi aussi ne m’appelleriez-vous pas dans votre infortune ? Pourquoi ne guérirais-je pas d’une main la blessure que j’ai faite de l’autre ? Voyons, Louise, soyez bonne encore ; ne me méprisez pas, car je ne le mérite