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DE GUSTAVE FLAUBERT.

moutons qui broutaient, et les feuilles jaunies des sycomores tombaient au pied des arbres dans le palais d’été du grand sultan. Je suis revenu par Eyoub. Une mosquée est enfermée dans un jardin qui est plein de tombes drapées et enguirlandées de feuillage et de lierres. J’ai traversé l’interminable quartier juif et le Phanar, quartier des descendants des anciens empereurs Grecs. Puis, par le grand pont de bois et le Petit Champ des morts de Péra, je suis rentré à l’hôtel où le jeune Maxime écrit des lettres.

Je ne sais que rapporter au père Parain, et mon embarras est tel que je ne lui rapporte rien. Il choisira dans mes affaires à moi ce qui lui plaira le mieux. Pour le commun des amis, nous avons des pantoufles, des pipes, des chapelets, toutes choses qui font beaucoup d’effet et qui ne coûtent pas cher. Devenons-nous canailles, hein ? Les voyages instruisent la jeunesse.


274. À SA MÈRE.
Constantinople, 15 décembre 1850.

À quand ma noce ? me demandes-tu à propos du mariage d’Ernest. À quand ? À jamais, je l’espère. Autant qu’un homme peut répondre de ce qu’il fera, je réponds ici de la négative. Le contact du monde auquel je me suis énormément frotté depuis quatorze mois me fait de plus en plus rentrer dans ma coquille. Le père Parain, qui prétend que les voyages changent, se trompe. Quant à moi, tel je suis parti, tel je reviendrai,