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DE GUSTAVE FLAUBERT.

col de chemise ; ainsi du reste. D’Athènes nous filerons probablement sur Patras, après avoir vu de la Grèce ce que nos moyens nous permettront, et ils ne nous permettront pas grand’chose. Et à Patras nous nous embarquerons pour Brindisi, d’où nous irons par terre jusqu’à Naples. Tel est notre plan. Sinon, il faudrait retourner à Malte, y faire cinq jours de quarantaine et quatre de libre pratique, et de Malte se rembarquer pour Naples, ce qui serait peu amusant, surtout pour Maxime qui redoute la mer. Quant à moi, j’y suis crâne. C’est, avec l’équitation, un talent que j’ai acquis en voyage, car je suis maintenant « aussi bon homme de cheval que de pied » comme M. de Montluc. Autre talent : j’entends très bien l’italien ; il y a du moins peu de choses qui m’échappent quand on ne le parle pas trop vite ; pour ce qui est de le parler, je baragouine quelques mots. Mais ce qui me désole, c’est le grec ; leur s. n. d. D. de prononciation est telle, que je reconnais à peine un mot sur mille. Le grec moderne est tellement mêlé de slave, de turc et d’italien, que l’ancien s’y noie ; et ajoutez à cela leurs polissonnes de lettres sifflées et avalées ! À Athènes je serai moins ébouriffé ; on y parle plus littérairement.

En fait de haute littérature, nous avons rencontré ici M. de Saulcy, membre de l’Institut et directeur du Musée d’Artillerie, qui voyage avec Édouard Delessert, le fils de l’ancien préfet de police, et toute une bande qui les accompagne. Dès le début, grande familiarité ; on retranche le monsieur ; questions de la plus franche obscénité, plaisanteries, bons mots, esprit français dans toute sa grâce. Nous leur avons conseillé de ne pas aller